Détaillées par le Pr. Marotte, elles sont principalement de deux types :
les accélérations Gz , dirigées selon l'axe vertical du corps, sont les plus mal supportées : elles entrainent une augmentation de la fréquence cardiaque ( tachycardie) et de la pression artérielle ( hypertension ). La resultante est pour le coeur un travail accru : lors d'un vol suborbital, le passager subit l'équivalent d'une épreuve d'effort maximale ( test cardiologique pratiqué sur tapis roulant ou bicyclette ergonomique ). Dans ces conditions, tout passager ayant déjà eu un infarctus, ou souffrant de maladie coronaire, ou présentant divers troubles de la fonction cardiaque pourrait présenter en vol une souffrance coronaire brutale avec des conséquences sévères. Ces conséquences extrèmes devront être prévenues par un dépistage rigoureux des maladies cardiaques chez les candidats au vol suborbital, par des médecins aéronautiques, à l'aide , si nécessaire, d'examens complémentaires et d'avis spécialisés.
Les accélérations Gz peuvent également provoquer des troubles du rythme et de la conduction cardiaques : extrasystoles isolées ou en salves, tachycardie ventriculaire...etc..
De part leur effet d'obstruction à l'irrigation sanguine cérébrale, les accélérations +Gz sont aussi responsables des symptômes bien connus des pilotes d'avions à hautes performances, comme le voile gris, le voile noir, la perte de connaissance. Ces symptômes peuvent survenir chez les sujets non entrainés pour des valeurs rencontrées lors d'un vol suborbital ( 3 à 6 G selon les phases du vol)
Bien que les conséquences opérationnelles soient moindres que chez les pilotes, les médecins devront être prudents vis à vis des sujets prédisposés à ces troubles : prise de certains médicaments par exemple.
Les accélérations Gx sont dirigées selon un axe antéropostérieur au thorax, et sont bien mieux tolérées. Elles entrainent toutefois à trés forte intensité ( 3.5 Gx et plus) une sensation d'écrasement thoracique avec gène respiratoire.
Une des solutions pour améliorer la tolérance aux accélérations lors d'un vol suborbital est l'utilisation de sièges inclinables, qui modifient la position du corps du passager de manière à ce que les accélérations subies soient des Gx et non des Gz. ( Choix de l'avion d'EADS ). Une autre solution serait le port d'un pantalon antiG.
La phase d'apesanteur :Comme l’a exposé le Dr. Caquelard, les conséquences cardiovasculaires de la microgravité ont été bien identifiées et étudiées lors des vols spatiaux( durée de quelques jours à quelques mois) et lors des vols paraboliques en avion ( périodes de 20-30 secondes d’impesanteur). Avec une durée de microgravité n’excédant pas 5 minutes, les conséquences cardiovasculaires précises du vol suborbital restent à déterminer. Le « bloodshift » ( redistribution du volume sanguin vers la partie supérieure du corps qui débute immédiatement en microgravité) pourrait produire en vol suborbital des conséquences comme des céphalées, une turgescence vasculaire cervicale modérée, une augmentation du retour veineux, du débit cardiaque. Le diamètre des membres inférieurs serait diminué comme cela a été observé en avion zeroG. Toutefois, cela n’aboutira pas au syndrôme complet de redistribution plasmatique observé en vol spatial ( visage bouffi, perte de l’odorat par congestion nasale, augmentation de la diurèse, réactions neuro-endocriniennes, désadaptation cardiovasculaire à l’orthostatisme, aspect grêle des membres inférieurs, effets hématologiques..etc…)
Enfin au cours de cette réunion ont été discutées les références réglementaires sur lesquelles les médecins amenés à statuer sur l’aptitude cardiovasculaire des candidats au vol suborbital devraient s’appuyer pour se prononcer.
Il apparait que dans un premier temps ce sont les critères médicaux des pilotes Classe 2 qui serviront de référence. Toutefois ils ne sont pas totalement adaptés aux caractéristiques du vol suborbital, qui comporte des accélérations élevées( 4-6 G), une phase de microgravité, et se déroule en partie dans l’environnement spatial. De plus, le sujet est le passager d’un vol ponctuel, sans tache de pilotage.
La nécessité d’élaborer un référentiel médical adapté aux caractéristiques propres du vol suborbital est bien là.
Un prochain atelier médical se tiendra en septembre 2009, avec la participation d’un juriste spécialisé en Droit de l’Espace.
Dr. Frank LEHOT / Atelier médical ACE
Frank-lehot@club-internet.fr